MARION 13 ANS, pour toujours – Les Déchargeurs

MARION 13 ANS, pour toujours, aux Déchargeurs : une pièce essentielle, nécessaire, qui place le spectateur face à la terreur absolue qu’est le suicide d’un enfant, qui rend plus vigilant face au harcèlement et aux réseaux sociaux, le tout avec une bouleversante tendresse.

Sur la scène, un banc de bois. Marion entre sur la scène, la salle est encore éclairée. Elle marche, fixe les spectateurs. Va dans la salle. Elle a cet air fermé que seuls savent prendre les adolescents. Elle revient sur la scène, s’allonge sur le banc. Nora et David arrivent, par l’arrière de la salle. Je t’ai déjà raconté d’où tu viens ? J’ai eu une enfance fantastique… C’est Nora qui parle, ils étaient deux garçons, deux fille, une famille originaire de Kabylie où l’argent manquait, où l’amour et l’humour ne manquaient pas. Tu étais un bébé très doux

Adaptée du récit Marion, 13 ans pour toujours écrit par Nora Fraisse, sa mère, la pièce parle du suicide par pendaison de Marion, 13 ans, en 2013. Parce qu’elle a été harcelée par ses camarades de classe. Parce que l’administration du collège n’a pris aucune mesure.

C’est un dialogue, un dialogue tendre, entre Marion et sa mère. Un dialogue auquel participe David son père, un dialogue pendant lequel Marion va raconter sa vie d’enfant qui encaisse, d’adolescente généreuse, isolée, harcelée. Pas toute sa vie. Un dialogue où Nora va croiser ceux qui étaient là, ceux qui n’ont rien fait, ceux qui se souviennent.

On va parler de harcèlement, de la propension des groupes à chercher un souffre douleur, à montrer du doigt celui qui est différent. Du comportement de l’institution, pour s’exonérer elle coupe le lien entre Nora et les parents, entre Nora et les professeurs. L’institution qui n’a pas même la décence de faire ce que font les gens face à un drame, bien vérifier que ce n’est pas à eux que le drame est arrivé, qu’ils ne sont pour rien dans le drame qui est arrivé, qu’ils ne peuvent rien y faire, et s’en aller rassurés en souhaitant « Bon courage ». Peut-être parce que l’institution n’a pas entendu, qu’elle pouvait faire quelque chose pour l’éviter, qu’elle n’a rien fait, c’est en tout cas ce qui transpire de la pièce.

Le texte de Frédéric Andrau et Valérie Da Mota place le spectateur face à une terreur absolue, un enfant qui met fin à ses jours, sans qu’on ait senti l’enfant perdre pied. Pourtant le texte est bouleversant de tendresse, la mise en scène est toute en réserve, ne tombe jamais dans le pathos. Nina Thiéblemont est une Marion impressionnante de justesse face à Valérie Da Mota, que j’ai sentie habitée par une mission de transmission autant que par le rôle de Nora. Avec Renaud Le Bas qui enchaîne les personnages masculins, ils jouent dans un silence de qualité pour un public qui les applaudira longuement à la fin de la pièce, autant pour les remercier que pour construire un sas vers l’extérieur. On peut leur dire Bravo, on peut surtout leur dire Merci.

C’est une pièce essentielle, qui raconte l’histoire de Marion, qui raconte la quête de Nora. C’est une pièce nécessaire, qui rend attentif au harcèlement inévitable entre les adolescents, qui alerte sur le rôle majeur des smartphones et des réseaux sociaux. Marion avait 13 ans, c’était en 2013.

Pour lutter contre la violence scolaire, contre le harcèlement, Nora Fraisse, la mère de Marion Fraisse a créé l’association Marion La Main Tendue. Puisse son message être entendu, relayé, soutenu.

Aux Déchargeurs jusqu’au 23/04/22
Mercredi, jeudi, vendredi, samedi : 21h15

Texte : Frédéric Andrau, Valérie Da Mota adapté du récit « Marion 13 ans pour toujours »​ de Nora Fraisse et Jacqueline Rémy
Avec : Valérie Da Mota, Renaud Le Bas, Nina Thiéblemont
Mise en scène : Frédéric Andrau

Visuel : Léa Rousse Radigois

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