Le Chaperon rouge de la rue Pigalle – Manufacture des Abbesses

Le Chaperon rouge de la rue Pigalle à la Manufacture des Abbesses : comme on explore une cave inondée à la lueur d’une torche, en n’ayant jamais que des visions parcellaires, Florence Hebbelynck raconte Cathy, 66 ans, prostituée rue Pigalle. Avec douceur et émotion.

La scène est parsemée de marchepieds, la hauteur d’une marche, de deux. On aperçoit un lecteur de K7. Un dispositif qui ressemble à un vieux projecteur de documents éclaire le portrait d’une femme, en rouge. Florence Hebbelynck entre sur scène, appuie sur une touche du lecteur de K7. Et vous êtes née en quelle année ? Le 21 novembre 1936. C’est la voix de Cathy. Florence l’a croisée en 2002, quand elle habitait rue Pigalle, et que Cathy, vêtue d’un manteau rouge, s’y prostituait.

Un jour, Florence a invité Cathy à dîner, comme on le fait entre personnes qui se croisent et se saluent en se souriant, elle avait enregistré leur dialogue. Plus tard, Florence retrouve la cassette, elle se lance sur les traces de Cathy, elle vient nous la raconter, à travers ceux qui l’ont connue, Cathy a disparu.

Le Chaperon rouge de la rue Pigalle n’est pas une pièce sur la prostitution. C’est une pièce qui raconte une femme, qui raconte la vie de cette femme, une femme qui se prostituait.

Une femme que le spectateur va découvrir petit à petit, à travers le texte sensible de Florence Hebbelynck, à travers son jeu délicat, et les nuances de celui de Nicolas Luçon, qui sera successivement le fils de Florence, il l’a connue quand il avait 3 ans… un journaliste radio, Cathy aimait parler… On croisera l’inévitable dame patronnesse et son mari… la nièce de Cathy. Au delà de la prostituée, il y avait la femme, sensible, parfois amoureuse, violée à 16 ans, entrée dans la prostitution pour l’argent facile. Une femme pleine de nuances et de demi vérités pas toujours cohérentes.

Une femme que le spectateur découvre à travers ce qu’en disent ceux qui l’ont connue, à lui de se faire son idée de ce qu’était Cathy, il la découvre comme il visiterait une cave inondée, marchant sur des briques, des marchepieds, s’éclairant à la lampe torche. A travers ces lueurs partiales, partielles, il trouve une vision parcellaire, il redonne vie à Cathy, repart avec sa mémoire. Est-ce qu’il aimera ses élans, jugera ses ambiguïtés, trouvera une justification dans de dures premières années, sourira de ses flamboyances ? Lui seul le sait, a travers lui, Cathy continue à vivre. La vraie Cathy ? La sienne, est-ce qu’elle a un jour laissé quelqu’un toucher sa vérité ?

Vingt ans avant, j’ai vécu ce une expérience proche de celle que vient raconter Florence Hebbelynck. J’ai eu plaisir à retrouver mes souvenirs, Cathy, Mamie Nova, Simone, elles revivaient toutes, et leurs vérités en demi teintes. Je me suis laissé embarquer par la mise en scène, si étrange, si parlante. Par la douceur de son propos, loin de tout jugement moral.

Pourquoi faire un spectacle sur Cathy, qu’est-ce qui, chez Cathy, a fasciné Florence ? la question reste sans réponse. La pièce, en tout cas, ne vous laissera pas indifférents.

A la Manufacture des Abbesses jusqu’au 01 novembre 2022
Dimanche : 20h00 – Lundi/Mardi : 21h00

Texte : Florence Hebbelynck
Avec : Florence Hebbelynck, Nicolas Luçon
Mise en scène : Stéphane Arcas

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