
Après la fin au Théâtre de Belleville : un homme et une femme sont enfermés dans un abri, seuls au monde, le désir naît, d’un côté seulement. Un texte apocalyptique de Dennis Kelly, une mise en scène contrastée et efficace de Philippe Baronnet.
Sur la scène, un lit en fer, une table, deux chaises. Une valise. Un homme attend, voilà une femme qui arrive en courant, son sac à la main. Elle trébuche, s’effondre. Je te jure. Je trouve pas mon chemin.
Lui, c’est Mark. Il a acheté un appartement pas très bien placé, dans le jardin duquel il y avait un abri anti nucléaire. Elle, c’est Louise. Au cœur de l’apocalypse, Mark est sorti de son abri, a trouvé Louise, l’a ramenée. Maintenant, ils sont en sécurité, ils ont de quoi tenir. De l’eau, des boites de haricots. Louise ne ressent rien, pas même des regrets pour son frère, forcément mort dans le cataclysme. Mark, au contraire, est un homme plein de souvenirs, de désirs refoulés, de frustrations. Il y a un passif entre ces deux là, que le spectateur va petit à petit découvrir, au fur et à mesure que le désir croissant de l’un mine la résistance de l’autre.
J’ai reçu cette histoire comme celle d’un papillon de nuit qui veut se venger de la flamme de la bougie où il s’est brûlé, mais sans l’éteindre.
Le texte de Dennis Kelly est un texte sombre, qui crée une ambiance lourde entre ses deux personnages. Sans alléger le propos ni masquer les moments forts, la mise en scène contrastée de Philippe Baronnet l’aère de façon efficace. Séparées par des noirs, les séquences s’enchaînent, rythmées par la batterie discrète de Lucas Jacquart, si vous allez voir la pièce, prenez le temps de l’observer. Clément Ohlmann, Colomba Giovanni maîtrisent Mark et Louise et leur partition. Je suis plus réservé sur leur posture, contrastée elle aussi, j’ai trouvé les curseurs trop poussés dans l’absence d’expression psychotique de l’un comme dans les colères de l’autre.
Au Théâtre de Belleville jusqu’au 27/09/22
Lundi : 21h15 – Mardi : 19h00 – Dimanche : 17h30
A éviter aux moins de 15 ans.
Texte : Dennis Kelly
Avec : Clément Ohlmann, Colomba Giovanni, Lucas Jacquart (batterie)
Mise en scène : Philippe Baronnet