Respire – Romane Bohringer – Scala Paris

Respire à La Scala Paris : Romane Bohringer, très juste, dit la nuit d’une femme qui se bat pour que son nouveau né respire enfin. Un grand moment de théâtre vrai, allez le voir, asseyez-vous au premier rang.

Sur la scène, disposés en pointe, cinq roll up, ces totems qu’on voit dans tous les salons professionnels. Posés en pointe sur la scène, gréés d’un plastique transparent. Derrière l’un, Romane Bohringer assise, qui attend. Derrière un autre, Bruno Ralle, derrière son clavier. Elle se lève, pied nus. Te voilà.

Respire est l’histoire d’une nuit, dans une maternité. La nuit d’une femme qui vient d’accoucher. La nuit de l’enfant qui vient de naître, c’est une petite fille.

A la naissance, les poumons du nouveau né sont remplis de liquide, les alvéoles sont collabées, les premières respirations sont pénibles. Elles ne se sont pas produites, l’enfant est en réanimation, la mère est derrière une vitre, demain matin le médecin viendra lui parler, quand le mari sera là, qui est avec la soeur aînée de l’enfant. Qu’elle aille se reposer, il est trop tôt pour… mais…

On ne connaîtra pas le nom de la mère, on ne connaîtra pas le nom de l’enfant. Respire est l’histoire de son combat.

Elle se bat. Elle est loin de son enfant, elle se bat avec son amour, avec sa voix. Un amour qu’elle projette, parfois mêlé de rage. Jusqu’au bout de la nuit, jusqu’au bout de ses forces.

Elle se bat, elle raconte le monde, la vie, le monde qui vit. Ses origines, de l’autre côté de la méditerranée. Son frère masqué de noir. Son mari, sa fille aînée. Des îles. L’autre chemin, celui qui ne va pas vers la vie, quand la mort s’approche, la rage prend le dessus, colère, supplique, tout est bon pour qu’elle passe son chemin. Quand le jour se lève, quand l’hôpital s’anime, le médecin ne comprend pas.

Romane Bohringer porte Respire, Respire habite Romane Bohringer, Romane Bohringer m’a embarqué avant même de prononcer son premier mot. Son jeu est d’une justesse hypnotisante, qui ne tombe jamais dans l’apitoiement ni dans le pathos. Sa voix porte le texte, ponctuée par les interventions musicales de Bruno Ralle.

Sa voix particulière porte le texte de Sophie Maurer, ses yeux le disent, et le sous texte déferle. Je les ai suivis, ces yeux, au fil de la pièce, sans les lâcher. La mise en scène de Panchika Velez est discrète, fluide, au service de cette voix, au service de ces yeux, qui viennent presser le cœur du spectateur, lui serrer les tripes. Il est de l’autre côté de la vitre, il est l’enfant, il reçoit ses mots, en ressent la force, la poésie, et l’émotion devient la sienne.

Parfois, sur le fil de la vie, il suffit de peu de chose. Et de beaucoup de force, d’amour, de rage pour porter ce quelque chose. A tout moment de la vie.

La Piccola Scala est une petite salle en amphithéâtre, intimiste, assis aux premiers rangs le spectateur est à moins de deux mètres de Romane Bohringer. C’est le bon endroit pour savourer ce grand moment de théâtre vrai.

A La Scala Paris jusqu’au 8 octobre 2022
Du jeudi au samedi : 19h30

Texte : Sophie Maurer
Avec : Romane Bohringer, Bruno Ralle
Mise en scène : Panchika Velez

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