
Dissident, il va sans dire à l’Artistic Théâtre: Hugo Givort met en scène un texte de Michel Vinaver, il tisse autour de Judith d’Aleazzo et Pablo Cherrey-Iturralde, bondissants, un cocon de mots du quotidien, un cocon de tendresse et de passions. C’est intéressant, c’est bien fait, c’est un peu court.
Sur la scène, deux pièces d’un appartement des années 1970. Une chambre, la cuisine. Un lit simple; un évier, une table en formica bleu clair. Voilà Michel Vinaver, les yeux mi clos, en vidéo. J’avais l’impression que les morceaux qui s’alignent se comparent à des galets… La vidéo se poursuit, un pèle-mêle d’images d’une époque, la voix de Michel Vinaver se superpose à la musique. Les acteurs s’installent sur la scène, vont, viennent. Elles sont dans la poche de ton manteau. Non. Ni sur le meuble...
Une mère et son fils de dix sept ans. Douze moments de vie, des paroles de tous les jours qui petit à petit dessinent leur vie, l’instant de l’histoire dans lequel ils évoluent. Le monde se mécanise, son emploi est menacé, son ex mari se donne le beau rôle. Il trouve un emploi, ouvrier chez Citroën, en équipe de nuit. Ils s’aiment, prennent soin l’un de l’autre, veulent chacun une vie meilleure pour l’autre. Il se laisse embarquer.
Le texte de Michel Vinaver dessine petit à petit un cocon de tendresse au milieu d’une tempête qui gronde, quand l’orage éclate le cocon tient encore un instant, pour un dernier moment de bonheur partagé. Des instants marqués par la normalité, c’est leur succession qui importe, comme l’alignement des galets. Ils se parlent, s’inquiètent, s’engueulent. Avec pudeur, ou dans l’excès. La révolte du jeune bourgeois, universelle, ici ancrée dans son époque.
Une époque recréée par Hugo Givort, qui signe la mise en scène et l’univers scénique. Une mise en scène agile, bien servie par Judith d’Aleazzo et Pablo Cherrey-Iturralde, bondissants. Ils donnent une mère et un fils, unis-enfermés-protégés par quelque chose d’exclusif, qui relève plus de la passion que de l’amour.
J’ai retrouvé avec une pointe de nostalgie l’ambiance de cette époque, la musique, la révolte, cette sorte de fascination. On peut chipoter quelques points, de ci de là. C’est globalement une bonne pièce, qui tient ses promesses. Le texte, la mise en scène, l’interprétation, c’est intéressant, c’est bon, c’est tendrement passionné. Mais c’est court, la représentation a duré 55 minutes, y compris la vidéo de départ, et les interscènes qui cassent un peu le rythme, ce rythme bondissant qui fait qu’on y croit et qui vous emporte. On en aurait volontiers pris un peu plus.
A l‘Artistic Théâtre jusqu’au 31 mai 2023
Mardi, jeudi, vendredi : 19h00; mercredi : 20h00; samedi, dimanche : 15h00
Durée : 1h00
Texte : Michel Vinaver
Avec : Judith d’Aleazzo, Pablo Cherrey-Iturralde
Mise en scène : Hugo Givort
Visuel :
Cette chronique a été publiée pour la première fois sur www.jenaiquunevie.com