
Jeanne et Solal – Théâtre de Nesle : laissez-vous secouer par cette tornade émotionnelle et poétique, la danse de Jeanne dont la mémoire s’efface, qui lutte pour conserver le souvenir de son amour pour Solal. Un très beau spectacle écrit et mis en scène par Emily Lombi, superbement dansé par Capucine Derval et Clément Vergnaud.
Dans un coin de la scène, une chaise sur laquelle est posée une chemise à carreaux, dans un autre, un clavier. Au milieu, sous un voile, entourée de petits papiers, Jeanne est en boule.
Jeanne se lève, commence à danser.
Jeanne perd la mémoire, elle lutte pour conserver ses souvenirs, son corps vibre de l’écho des moments de sa vie, les moments où Solal était là, où ils s’aimaient. Ils défilent devant nous, une première fois, lisibles, une deuxième fois, déstructurés, une troisième fois, à l’envers.
Une pause.
Voilà Jeanne et Solal réunis. L’histoire s’écrit à nouveau, il est là, dans ses souvenirs, dans sa vie, qui l’aide à lutter.
Émily Lombi a écrit une bombe d’émotions et de poésie comme j’en ai rarement vues. Capucine Derval, seule sur scène pendant la première partie, avec Clément Vergnaud dans la seconde, emporte le spectateur dans un torrent auquel il lui est impossible d’échapper, sauf à faire preuve d’une totale insensibilité.
Ils dansent sur une bande sonore qui mêle musique, bruits et voix. Qui parfois les porte, parfois verbalise le sous texte de leur ballet. Petit à petit, la mémoire de Jeanne s’efface, jusqu’à ce que ne reste plus que la certitude de l’amour partagé de Solal. Petit à petit, le spectateur trouve les clé, jusqu’à ce que, comme Jeanne, il soit perdu dans les limbes. Jusqu’à ce que Jeanne et Solal se rejoignent une dernière fois.
Je suis ressorti touché. Touché par la beauté de cet amour, touché par la beauté du spectacle. Un spectacle plein de poésie, plein d’émotions. Qui ne sombre jamais dans le pathos ni l’apitoiement. Au contraire, il soutient Jeanne, et si la lutte est perdue d’avance, il reste le bonheur de cet amour, sa présence jusqu’au tout dernier moment.
C’est une tornade émotionnelle ? Un peu. Une belle tornade. Une tornade poétique. Laissez-vous secouer.
A Théâtre de Nesle dans le cadre du festival 7.8.9
Samedi 09/09 : 18h00; Dimanche 10/09 : 17h00 – Samedi 30/09 : 18h00
Durée : 1h30
Texte : Émily Lombi
Avec : Capucine Derval, Clément Vergnaud
Mise en scène : Émily Lombi
Visuel : DR
Cette chronique a été publiée pour la première fois sur www.jenaiquunevie.com
