L’éducation de Rita – Funambule Montmartre : une chronique sociale, quelle est l’influence du milieu sur les choix ?

L’éducation de Rita au Funambule Montmartre : la rencontre d’un professeur alcoolique et désabusé et d’une coiffeuse pleine de bon sens et de soif d’apprendre, une chronique sociale caustique et fine, une belle mise en scène d’Owen Doyle, une pièce intelligente qu’on verra avec plaisir

Sur la scène, des livres. Dans des rayonnages, en piles. Un fauteuil, deux tables de travail, l’une particulièrement encombrée. Ah ça… Où est-il passé ? L’homme est peu soigné, col roulé, pantalon de velours à grosses cotes, cardigan sans forme ni couleurs. Ce qu’il cherche n’est pas un livre, mais une bouteille de whisky. Dickens, le gardien du Clan Campbell…

Cet homme, c’est Franck, professeur d’université déconsidéré. Comme tout les soirs il éviterait volontiers de rentrer chez lui pour passer la soirée au pub. Ce soir, il reçoit une élève de l’université ouverte pour son premier cours. Rita, coiffeuse pleine de franc parler et de bons sens, qui sait ce qu’elle veut. Et ce dont elle ne veut pas, une petite vie entre ses clientes désagréables, les bières de son mari devant la télé, et les cris d’un bébé. Il voudrait s’en débarrasser, elle s’accroche. Elle veut apprendre, cultiver ses goûts, faire ses choix. C’est le choc des cultures, des personnalités, des ages. Un choc dans lequel le désir n’est pas absent. Petit à petit, ils vont se découvrir, évoluer. Rita changera d’environnement, évoluera sous des influences successives, sa garde robe suivra. Jusqu’à ce que chacun apporte à l’autre ce dont il a le plus besoin.

Qu’est-ce qui influe sur nos choix, entre l’opinion de ceux qui nous entourent et nos élans intérieurs, et que se passe-t-il quand ceux qui nous entourent changent ? Rita est intelligente, elle revendique un accès à la connaissance pour pouvoir faire ses choix, des choix éclairés, mais à quelle lueur ? Le milieu dans lequel elle a passé le premier tiers de sa vie ne le comprend pas, la rejette, pour s’intégrer dans un autre milieu, elle en adopte les codes, les idées, ses nouvelles opinions sont-elles alors toujours les siennes ? Le texte très fin de Willy Russell pose la question, trouve une réponse. Avec un détachement caustique et un humour distancié qu’on savourera.

Owen Doyle signe une mise en scène intelligente. Sur scène, il est Franck, il est excellent dans son personnage, ce professeur alcoolique, désabusé et fataliste, émoustillé par l’apparition des chaussures rose Barbie de Rita, jouée par Maxime-Lior Windisch dont la mutinerie et la garde robe évolueront au fil des lectures.

Une pièce intelligente qu’on verra avec plaisir.

Au Funambule Montmartre jusqu’au 05/11/23
Jeudi, vendredi, samedi : 21h00 ou 19h00; dimanche : 20h00
Durée : 1h35

Texte : Willy Russell – traduction Catherine Marcangeli
Avec : Maxime-Lior Windisch, Owen Doyle
Mise en scène : Owen Doyle avec Katie Haigh Mayet

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Cette chronique a été publiée pour la première fois sur www.jenaiquunevie.com

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